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Développement du tourisme équestre: Entre passion et intérêt économique

L’élevage équin en Tunisie est une pratique enracinée dans l’histoire et la culture du pays. Alliant tradition et modernité, cette activité joue un rôle important, non seulement dans le patrimoine culturel tunisien, mais aussi dans le développement économique local. Des chevaux arabes pur-sang aux races locales adaptées au climat, l’élevage équin reflète un riche héritage qui continue de prospérer malgré les défis économiques et environnementaux.

La Presse — La Tunisie possède une longue tradition équestre, héritée des civilisations berbères, arabes et ottomanes. Le cheval occupe une place centrale dans le développement de l’économie et du tourisme dans les zones rurales en plus de son importance dans les célébrations culturelles.

Ce développement reste tributaire de plusieurs facteurs.

Tout d’abord, il dépend de la valorisation des spécificités régionales, notamment  les pratiques équestres liées au spectacle traditionnel qui diffère selon les régions. Ensuite, il est étroitement lié au développement des pratiques équestres qui constituent, dans l’état actuel, une offre potentielle mais très limitée et non structurée. Malheureusement, les pratiques se résument aux spectacles équestres traditionnels, aux courses de chevaux exclusivement à Ksar Said (l’unique hippodrome en Tunisie datant de l’époque du protectorat français), aux randonnées organisées par les centres équestres et aux balades sur la plage, organisées dans les zones balnéaires touristiques.

Activité économique à promouvoir

Dans un pays où le développement touristique est un enjeu majeur, le tourisme équestre en Tunisie a une belle carte à jouer. Parmi de nombreux atouts, il peut s’appuyer sur des valeurs en évolution telles que la richesse de l’environnement naturel et du patrimoine culturel.

Les chevaux arabes pur-sang, connus pour leur élégance, leur endurance et leur intelligence, sont les joyaux de l’élevage équin tunisien. Le développement du tourisme équestre pourrait constituer un enjeu stratégique pour toute la filière du cheval et pour le développement socioéconomique des territoires ruraux.

Ainsi, les axes stratégiques structurant la filière auraient pour objectif de cadrer et d’organiser le plan d’actions opérationnelles de nature à améliorer le réseau et à répondre aux attentes des professionnels du tourisme équestre ainsi que des pratiquants du cheval en général.

D’après une étude, réalisée depuis 20215 par le commissariat général au développement régional (Cgdr) et intitulée « Le développement de l’économie et du tourisme dans les zones rurales à travers la valorisation du cheval », un état des lieux a été dressé et a débouché sur la formulation d’une stratégie à mener autour de cinq axes de développement. Il s’agit de l’organisation, la structuration et la professionnalisation de la filière, l’équipement et le développement des infrastructures, la diversification de l’offre et le développement de la qualité, en plus de la valorisation des opportunités d’investissement et la promotion, de communication et de la commercialisation.

L’élevage équin en Tunisie fait face à plusieurs défis. D’abord, assurer une bonne organisation du secteur et une meilleure coordination entre les différents intervenants, à travers la mise en place d’un dispositif d’observation permettant l’évaluation continue du marché de la demande, l’évaluation du potentiel, de la capacité et de l’attractivité de l’offre tourisme équestre, la formation et le développement des métiers et des acteurs. Ensuite, il est important de créer de nouvelles infrastructures indispensables manquantes et assurer la réhabilitation et la mise à niveau des structures existantes.

D’après le Cgdr, « les opportunités de financement des projets s’inscrivant dans le cadre de la mise en action du programme de développement du tourisme équestre nécessitent la mobilisation de fonds à travers la mise en place d’un programme spécifique, mais essentiellement à travers la valorisation et l’intégration de la filière aux programmes existants ».

D’après la même source, il faut bénéficier de subventions financières existantes, et ce, à travers les différentes aides financières sous forme de subventions gérées au niveau régional, et délivrées par l’Etat pour les projets agricoles, touristiques culturels et sportifs. «Ces opportunités de financement pourraient être déclinées pour développer les projets liés au tourisme équestre.

Les promoteurs qui veulent œuvrer dans le tourisme équestre peuvent bénéficier du soutien du gouvernement à travers ces possibilités sans pour autant prendre de nouvelles mesures».

Un patrimoine à développer

En Tunisie, plusieurs régions sont réputées pour l’élevage équin, notamment les plaines du nord et du centre. Le Haras national de Sidi Thabet, situé près de Tunis, et celui de Rakkada à Kairouan jouent un rôle central dans la préservation et l’amélioration des races locales et arabes. Ils sont responsables de la gestion des lignées, de l’enregistrement des chevaux et de la promotion de l’élevage équin à travers le pays.

Des écoles et des centres de formation spécialisés, tels que l’École nationale d’équitation de Sidi Thabet, s’efforcent de transmettre les connaissances liées à l’élevage, aux soins des chevaux et aux disciplines équestres. Ces initiatives encouragent la professionnalisation du secteur et renforcent la qualité de l’élevage équin en Tunisie.

Le développement d’une activité touristique équestre de bonne qualité nécessite des évasions équestres en toute sécurité pour une clientèle locale et internationale, des itinéraires balisés ponctués de gites permettant le repos, l’approvisionnement des chevaux et des cavaliers, un personnel qualifié, une organisation de manifestations festives et sportives périodiques tout le long de l’année et englobant tout le territoire concerné.

Préserver les races locales

La Tunisie a un potentiel énorme pour s’imposer sur le marché international de l’élevage équin. La participation des chevaux tunisiens à des compétitions internationales et l’exportation de pur-sang arabes pourraient renforcer la notoriété du pays dans ce domaine.

Reste à dire que l’élevage équin en Tunisie est bien plus qu’une simple activité économique : il incarne un patrimoine vivant et un lien profond entre l’homme et l’animal. Si le secteur est confronté à des défis, il bénéficie également d’opportunités prometteuses. Préserver cette tradition tout en la modernisant est essentiel pour assurer un avenir durable à l’élevage équin tunisien. Et qui dit préservation dit encouragement en multipliant les compétitions et les concours modèles et allures ainsi qu’endurance avec des prix consistants et non dérisoires.

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